Hibou Grand-duc de Sibérie | belaïa ten’

Le Grand-duc de Sibérie n’est pas seulement un oiseau : il est une apparition née du froid. Son plumage, d’une pâleur spectrale, mêle le blanc crème, le beige et les marbrures gris-brun comme si la neige, la glace et l’ombre s’étaient fondues en une seule matière. Drapé de ce manteau figé, il disparaît dans les tempêtes, se confond avec le blizzard, devenant l’esprit invisible des forêts glacées. Son corps tout entier semble forgé pour l’éternité hivernale : plumes épaisses comme des écailles de givre, duvet recouvrant jusqu’à ses serres, insensibles aux morsures du gel. Rien ne l’atteint, ni la neige, ni le vent, comme si l’hiver lui-même le protégeait, l’ayant choisi pour en être le gardien. Dans la blancheur sans fin des steppes enneigées, ses yeux surgissent soudain : deux braises ardentes perçant la nuit polaire. Ils ne brillent pas comme ceux d’un simple animal, mais comme des flammes intérieures, un feu ancien qui veille dans le froid absolu. Son vol, lourd et silencieux, n’est pas un déplacement : c’est une traversée, un passage entre deux mondes, comme si cet être appartenait autant au visible qu’à l’invisible. Ainsi, le Grand-duc de Sibérie prend des allures de légende : messager de l’hiver, spectre des neiges, juge silencieux de la nuit glacée. Dans ses plumes se mêlent la beauté immaculée et la menace impitoyable, comme si la nature avait confié à ce seigneur des glaces le rôle de gardien de ses secrets les plus froids. Belaïa Ten’ = l’Ombre blanche